Jeanne Claude et Christo sont deux artistes (en couple) qui mettent en scène toiles, câbles et structures métalliques, pour
créer des œuvres éphémères qui durent deux semaines en moyenne. Leur art
consiste en l'« empaquetage » de lieux, de bâtiments, de monuments, de
parcs et de paysages. Certaines de leurs œuvres pionnières se
rapprochent du Land Art
en raison de leur gigantisme, ou plus généralement, de leur réalisation
hors des traditionnels sites ; atelier, galerie, musée. Le couple
refuse cependant l'appellation « Land Art »,
précisant que ses interventions ne sont jamais réalisées dans le
désert : un argument assez discutable au regard de la diversité des
pratiques de ce mouvement artistique qui perdure jusqu'à aujourd'hui.
Ils s'intéressent à la structure, à l'usage, à la beauté ou à la
dimension symbolique des lieux sur lesquels ils interviennent
temporairement, qu'ils « révèlent en cachant ».
Les Christo réalisent un travail monumental et éphémère, c’est ce qui
marque leur originalité, prendre autant de temps uniquement pour un
résultat qui ne durera qu'un court laps de temps. Selon Albert Elsen,
« aucun artiste de l’histoire n’a passé autant de temps à voyager pour
se présenter lui-même ainsi que son œuvre. Le succès de ses projets
auprès du public […] est dû pour une part non négligeable à sa facilité
de contact et à ses dons naturels de pédagogue. Il fut le premier
créateur à étudier de lui-même l’impact tant humain qu’environnemental
de ses projets. La plupart des artistes pensent que l’éducation du
public prend trop de temps au détriment de leur travail ». Pour Christo,
« l’interactivité verbale avec le public » fait partie intégrante de sa
créativité.Toujours selon lui, « son art est le résultat d’une
réflexion et d’une intuition esthétique imposée à un environnement
naturel et construit ".
Pour les Christo, leur œuvre est faite pour impressionner le public et donner de nouvelles visions ainsi qu’un cri de liberté. Quand
un monument est emballé, il acquiert une toute autre forme, une toute
autre identité, un tout autre prestige : on ne le reconnaît plus. Les Christo recherchent une vision populaire, une popularité de .leur art
Au
début de leur carrière, les Christo sont beaucoup critiqués, par
d’autres artistes et par les médias, affirmant que leur travail n’est
pas de l’art. Avec le temps, les médias ont été de puissants alliés de Christo. Pour beaucoup, Christo a un talent promotionnel de communication, « la présentation d’un projet par Christo, un entretien avec Christo sont aussi des créations artistiques».
Christo est avant tout un ingénieur et un entrepreneur, réalisant des
projets techniques alors qu’il n’a aucune formation dans le génie civil.
L’œuvre de Christo c’est aussi l’art de travailler en équipe avec de
grands moyens. Toute l’organisation et la logistique de ses œuvres font
partie intégrante de son art. Aussi n’oublions pas toutes les démarches
mises en œuvres pour pouvoir réaliser chaque projet, représentant des
années d’investigations et des centaines de désistements et d’abandons.
Comme le disait Marina Vaizey, «sa méthode est inséparable de son art ».
L’œuvre de Christo est éphémère. Pour Christo, « l'urgence d'être vu
est d'autant plus grande que demain tout aura disparu… Personne ne peut
acheter ces œuvres, personne ne peut les posséder, personne ne peut les
commercialiser, personne ne peut vendre des billets pour les voir…Notre
travail parle de liberté ». L’art de Christo est la création d'objets temporaires de grande échelle conçus pour des sites extérieurs spécifiques. Il
pense que les gens doivent avoir la possibilité de vivre de expériences
artistiques intenses et mémorables en dehors des musées.
Les
Christo croient en la séduction d’une création sans signification qui
aille au-delà de l’objet lui-même, implique une indifférence aux
conceptions qui attribuent à l’art un rôle (social, politique,
économique, environnemental, moral ou philosophique) qui irait au-delà
de lui-même, une œuvre d’art « qui est » plutôt que « qui signifie ».
Leur forme de sensibilité de la société n’exclut pas les
non-connaisseurs, mais au contraire insiste toujours sur le plaisir que
pourra ressentir l’homme de la rue.
L’art
aujourd’hui joue de l’information, la propagande, la publicité,
l’emballage et la présentation, ce qui représente exactement l’œuvre de
Christo. Pour Marina Vaizey « il a appliqué les méthodes du capitalisme démocratique à la fabrication de l’art ». Ce qui peut résumer le travail de Christo c’est « révéler en cachant ».
Ainsi, lorsque à Berlin, le Reichstag est en reconstruction et qu'il se fait "empaqueter" par Christo et Jeanne Claude, l'attente et le suspens sont à leur comble pour les berlinois et le monde entier. Mais que cache donc cette masse recouverte de plastique ? Qu'ont-ils rénové ? Qu'allons-nous découvrir ?
La période de transition entre l'ancien Reichstag et le nouveau se fait également plus en douceur grâce à cette installation.