"Eux, ce sont des créateurs, régisseurs, monteurs vidéos, lui
c’est Nicolas Sansier, le double scénique de Pierrick Sorin, artiste
vidéaste et concepteur du spectacle 22H13, créé en 2010 au théâtre du Rond-Point et qui vit ses derniers instants d’une grande tournée à travers la France. 22h13 nous parle de l’artiste, de ses rapports au monde, aux modes, à la création.
Ainsi la scène représente l’atelier de travail d’un artiste
plasticien. Le plateau est jalonnée de meubles en bois recouverts de
peintures, de papiers en joyeux bordel et d’écrans de toutes tailles et
de toutes formes qui diffusent rêveries, scènes tournées et œuvres
d’arts.
Ce spectacle aurait pu s’appeler « Journal d’un vidéaste » puisque
tout le texte est en voix off, à la première personne et assume
totalement le côté nombriliste de la chose, sans pour autant aller
jusqu’au bout puisque l’artiste met un acteur dans son rôle et ne se
présente pas de front au spectateur, mais reste caché derrière son œuvre
égotiste.
Cette oeuvre tient trop de la conférence de professeur d’université
qui assènerait des vérités malheureusement trop simplistes et
caricaturales sur le créateur. Une scène de rencontre entre l’artiste et
des représentants d’assurances conforte le public sur la prétendue
incapacité des artistes à vivre sérieusement. Les nombreux messages
laissés sur son répondeur invitent le spectateur à se persuader que les
créateurs ne sont vraiment pas des gens en connexion avec leurs
semblables. On regrettera un manque cruel de poésie dans le texte qui
alourdit profondément le spectacle et n’est pas révélateur du travail
visuel de Sorin, plein d’humour et de poésie.
Les faibles capacités comiques du comédien font souvent basculer le
spectacle dans l’humour potache plus que vers une véritable attitude
artistique. Mais impossible d’émettre un avis, l’auteur s’est empressé
de se dédouaner de cela en distanciant le spectacle par une critique qui
abonde en ce sens. C’est bien le souci de ce travail, conscient de ses
faiblesses (nombrilisme et incapacité de rendre vraiment compte de ce
qu’est l’acte créatif) mais sans pour autant chercher à dépasser les
limites d’un telle entreprise. Une œuvre de “fainéant” qui ne va pas
plus loin que le bout de son nez.
Évidement, comme tous les spectacles qui ne reposent que sur la
technique, il y eut un bug ce soir-là et un écran bleu a sabré l’une des
scènes pour des raisons de mauvaise connectique (c’est en tout cas ce
qui s’affichait sur l’écran).
Mais comme pour toutes les oeuvres faciles, la salle rit aux éclats
et tout le monde est content, ne bousculons rien et n’allons
certainement pas contre les préjugés sur les artistes.
Bruno Paternot"
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