lundi 21 mai 2012

22h13 Pierrick Sorin



"Eux, ce sont des créateurs, régisseurs, monteurs vidéos, lui c’est Nicolas Sansier, le double scénique de Pierrick Sorin, artiste vidéaste et concepteur du spectacle 22H13, créé en 2010 au théâtre du Rond-Point et qui vit ses derniers instants d’une grande tournée à travers la France. 22h13 nous parle de l’artiste, de ses rapports au monde, aux modes, à la création.
Ainsi la scène représente l’atelier de travail d’un artiste plasticien. Le plateau est jalonnée de meubles en bois recouverts de peintures, de papiers en joyeux bordel et d’écrans de toutes tailles et de toutes formes qui diffusent rêveries, scènes tournées et œuvres d’arts.
Ce spectacle aurait pu s’appeler « Journal d’un vidéaste » puisque tout le texte est en voix off, à la première personne et assume totalement le côté nombriliste de la chose, sans pour autant aller jusqu’au bout puisque l’artiste met un acteur dans son rôle et ne se présente pas de front au spectateur, mais reste caché derrière son œuvre égotiste.
Cette oeuvre tient trop de la conférence de professeur d’université qui assènerait des vérités malheureusement trop simplistes et caricaturales sur le créateur. Une scène de rencontre entre l’artiste et des représentants d’assurances conforte le public sur la prétendue incapacité des artistes à vivre sérieusement. Les nombreux messages laissés sur son répondeur invitent le spectateur à se persuader que les créateurs ne sont vraiment pas des gens en connexion avec leurs semblables. On regrettera un manque cruel de poésie dans le texte qui alourdit profondément le spectacle et n’est pas révélateur du travail visuel de Sorin, plein d’humour et de poésie.
Les faibles capacités comiques du comédien font souvent basculer le spectacle dans l’humour potache plus que vers une véritable attitude artistique. Mais impossible d’émettre un avis, l’auteur s’est empressé de se dédouaner de cela en distanciant le spectacle par une critique qui abonde en ce sens. C’est bien le souci de ce travail, conscient de ses faiblesses (nombrilisme et incapacité de rendre vraiment compte de ce qu’est l’acte créatif) mais sans pour autant chercher à dépasser les limites d’un telle entreprise. Une œuvre de “fainéant” qui ne va pas plus loin que le bout de son nez.
Évidement, comme tous les spectacles qui ne reposent que sur la technique, il y eut un bug ce soir-là et un écran bleu a sabré l’une des scènes pour des raisons de mauvaise connectique (c’est en tout cas ce qui s’affichait sur l’écran).
Mais comme pour toutes les oeuvres faciles, la salle rit aux éclats et tout le monde est content, ne bousculons rien et n’allons certainement pas contre les préjugés sur les artistes.
Bruno Paternot"

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