Daniel Buren est essentiellement connu pour ses "Deux Plateaux" au Palais Royal. Il a souvent fait polémique, il a suscité l'admiration. Lorsqu'en 1969, il recouvre de rayures toutes les affiches pu be Berne en Suisse, pendant l'exposition "Quand les attitudes deviennent formes", où il n'est pas invité, il finit au poste.
Célébré à l’international avant de l'être en France, il est aujourd'hui reconnu comme l'un des grands artistes de notre époque.
Après Anish Kapoor, Daniel Buren est l'invité de "Monumenta" au Grand Palais.
Il y joue avec les couleurs, invite à la réflexion dans tous les sens du terme, fait circuler le corps et la pensée et incite à vivre une expérience que l'on parie inoubliable sur la lumière et l'espace.
POURQUOI MONUMENTA ?
J'ai répondu à une demande. Le Grand Palais est l'un des rares lieux couverts d'une telle envergure, le plus vaste d'Europe. On s'y promène comme sur une place publique. Cette couverture en verre et en fer révolutionnaire pour l'époque, la hauteur des murs (45mètres), le ciel qui paraît plus grand, sans horizon brisé par les maisons, tout donne l'impression d'être à l'extérieur en étant protégé de la rue et du vent, ce qui est extraordinaire. On est en contact avec le ciel de Paris, en Ile-de-France, avec cette luminosité qui a marqué les impressionnistes. Et j'avais envie de travailler sur la lumière et la couleur.
POURQUOI UNE AUTRE ENTRÉE ?
Un lieu comporte toujours des contraintes qui donnent sa forme à l'ensemble. Mais entrer par la porte habituelle aurait tué mon projet. C'est comme si l'on pénétrait dans une cathédrale par le chœur au lieu de la découvrir petit à petit. Donc, on entre par la porte Nord la moins visible, signalée par un portique constitué de bandes blanches et noires, d'où l'on avance dans un couloir en plan légèrement incliné au bout duquel on verra d'abord quelque chose qu'on ne comprend pas : de la lumière, l'ensemble des couleurs et des piliers ...
POURQUOI DES BANDES RAYÉES DE 8,7 CM ?
Je m'en sers comme un signe, un "outil visuel" pour révéler autres chose qu'on ne voit pas. Ici, les piliers qui soutiennent la structure sont rayés de blanc et noir par des bandes de 8,7 cm de large, comme le sont mes rayures d'habitude.
POURQUOI DES CERCLES ?
Le cercle est aussi très présent dans mon travail. Je me suis vite aperçu que tout sauf la façade néo-classique de Grand Palais, était construit sur le cercle, comme si l'architecte avait dessiné l'intérieur du bâtiment avec un compas. Tout est rond : la rotonde, les escaliers, les volutes ... Les 377 cercles de 5 diamètres différents (de 7 à 32 m) sont répartis sur une superficie de 6000m² et tangents les uns aux autres.
POURQUOI DES COULEURS ?
On m'associe souvent au blanc et noir alors que j'ai utilisé la couleur depuis mes débuts. Mes premières rayures accrochées dans les villes étaient en couleur. Au Grand Palais, les cercles sont de 4 couleurs : jaune, bleu, rouge, vert. Il n'y en avait pas d'autres disponibles. Il y a un nombre équivalent de teintes : 94 pour chaque coloris. S'ajoute à cela la couleur réséda du Grand Palais dans laquelle on est immergés, plus toutes les couleurs du ciel qui vont refléter dans les verrières et la coupole (elles-mêmes recouvertes de filtres) et qui changeront selon les jours les moments, les nuages, les rayons de soleil.
POURQUOI DES MIROIRS ?
J’ai beaucoup utilisé les miroirs... Ici, ils sont au sol, en forme de
cercle, au centre, à l’aplomb de la coupole et sur une surface vide de
900 m2. On pourra marcher dessus ou les éviter. Quand on va arriver aux
alentours, tout va s’y refléter : les faisceaux de lumière, les morceaux
de toit, les nuages, le soleil. L’espace va se démultiplier et les
couleurs jouer entre elles, se fondre, donner de la lumière... Des bancs
circulaires sont disposés tout autour, sur lesquels on pourra se
reposer et regarder ce qui se passe, avant de circuler à nouveau dans le
lieu et l’œuvre.
POURQUOI DU SON ?
Ici, il prend la forme d’une énumération de chiffres et de l’énoncé des
couleurs dans 37 langues officielles parlées par au moins 15 millions de
personnes. Le son sera distribué en continu par des haut-parleurs
placés sur des pivots qui capteront le visiteur à leur portée...
POURQUOI PAS UNE INSTALLATION ?
Je refuse la notion d’installation en ce qui concerne mon travail. On
installe des objets dans une vitrine... De même que je n’aime pas
l’expression qui consiste à dire d’un artiste qu’il s’est approprié le
musée. Je ne cherche pas à m’approprier quoi que ce soit. Mon travail
est de l’ordre du dialogue, qui peut être critique ou harmonieux. Ici,
il s’agit de l’exposition d’une œuvre éphémère : il en restera des
traces (un film, un livre), mais elle sera détruite sous sa forme
initiale.
POURQUOI "EXCENTRIQUES, TRAVAIL IN SITU" ?
On peut penser à une explosion de cercles, du décentrage, des excentricités... Mais je me refuse à donner des explications. Je laisse le spectateur libre.
On peut penser à une explosion de cercles, du décentrage, des excentricités... Mais je me refuse à donner des explications. Je laisse le spectateur libre.
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