lundi 21 mai 2012

Christo et Jeanne Claude

Jeanne Claude et Christo sont deux artistes (en couple) qui mettent en scène toiles, câbles et structures métalliques, pour créer des œuvres éphémères qui durent deux semaines en moyenne. Leur art consiste en l'« empaquetage » de lieux, de bâtiments, de monuments, de parcs et de paysages. Certaines de leurs œuvres pionnières se rapprochent du Land Art en raison de leur gigantisme, ou plus généralement, de leur réalisation hors des traditionnels sites ; atelier, galerie, musée. Le couple refuse cependant l'appellation « Land Art », précisant que ses interventions ne sont jamais réalisées dans le désert : un argument assez discutable au regard de la diversité des pratiques de ce mouvement artistique qui perdure jusqu'à aujourd'hui. Ils s'intéressent à la structure, à l'usage, à la beauté ou à la dimension symbolique des lieux sur lesquels ils interviennent temporairement, qu'ils « révèlent en cachant ».
Les Christo réalisent un travail monumental et éphémère, c’est ce qui marque leur originalité, prendre autant de temps uniquement pour un résultat qui ne durera qu'un court laps de temps. Selon Albert Elsen, « aucun artiste de l’histoire n’a passé autant de temps à voyager pour se présenter lui-même ainsi que son œuvre. Le succès de ses projets auprès du public […] est dû pour une part non négligeable à sa facilité de contact et à ses dons naturels de pédagogue. Il fut le premier créateur à étudier de lui-même l’impact tant humain qu’environnemental de ses projets. La plupart des artistes pensent que l’éducation du public prend trop de temps au détriment de leur travail ». Pour Christo, « l’interactivité verbale avec le public » fait partie intégrante de sa créativité.Toujours selon lui, « son art est le résultat d’une réflexion et d’une intuition esthétique imposée à un environnement naturel et construit ".
Pour les Christo, leur œuvre est faite pour impressionner le public et donner de nouvelles visions ainsi qu’un cri de liberté. Quand un monument est emballé, il acquiert une toute autre forme, une toute autre identité, un tout autre prestige : on ne le reconnaît plus. Les Christo recherchent une vision populaire, une popularité de .leur art

Au début de leur carrière, les Christo sont beaucoup critiqués, par d’autres artistes et par les médias, affirmant que leur travail n’est pas de l’art. Avec le temps, les médias ont été de puissants alliés de Christo. Pour beaucoup, Christo a un talent promotionnel de communication, « la présentation d’un projet par Christo, un entretien avec Christo sont aussi des créations artistiques». Christo est avant tout un ingénieur et un entrepreneur, réalisant des projets techniques alors qu’il n’a aucune formation dans le génie civil. L’œuvre de Christo c’est aussi l’art de travailler en équipe avec de grands moyens. Toute l’organisation et la logistique de ses œuvres font partie intégrante de son art. Aussi n’oublions pas toutes les démarches mises en œuvres pour pouvoir réaliser chaque projet, représentant des années d’investigations et des centaines de désistements et d’abandons. Comme le disait Marina Vaizey, «sa méthode est inséparable de son art ».
L’œuvre de Christo est éphémère. Pour Christo, « l'urgence d'être vu est d'autant plus grande que demain tout aura disparu… Personne ne peut acheter ces œuvres, personne ne peut les posséder, personne ne peut les commercialiser, personne ne peut vendre des billets pour les voir…Notre travail parle de liberté ». L’art de Christo est la création d'objets temporaires de grande échelle conçus pour des sites extérieurs spécifiques. Il pense que les gens doivent avoir la possibilité de vivre de expériences artistiques intenses et mémorables en dehors des musées.
Les Christo croient en la séduction d’une création sans signification qui aille au-delà de l’objet lui-même, implique une indifférence aux conceptions qui attribuent à l’art un rôle (social, politique, économique, environnemental, moral ou philosophique) qui irait au-delà de lui-même, une œuvre d’art « qui est » plutôt que « qui signifie ». Leur forme de sensibilité de la société n’exclut pas les non-connaisseurs, mais au contraire insiste toujours sur le plaisir que pourra ressentir l’homme de la rue.
L’art aujourd’hui joue de l’information, la propagande, la publicité, l’emballage et la présentation, ce qui représente exactement l’œuvre de Christo. Pour Marina Vaizey « il a appliqué les méthodes du capitalisme démocratique à la fabrication de l’art ». Ce qui peut résumer le travail de Christo c’est « révéler en cachant ».


Ainsi, lorsque à Berlin, le Reichstag est en reconstruction et qu'il se fait "empaqueter" par Christo et Jeanne Claude, l'attente et le suspens sont à leur comble pour les berlinois et le monde entier. Mais que cache donc cette masse recouverte de plastique ? Qu'ont-ils rénové ? Qu'allons-nous découvrir ? 
La période de transition entre l'ancien Reichstag et le nouveau se fait également plus en douceur grâce à cette installation.

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